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Texte : Mon amour

Mon amour

Je me souviens. Une dame. Un vieux monsieur. Un petit garçon. Et moi. Une petite falaise qui surplombait un océan furieux. Furieux. La houle se soulevait violemment pour dresser un mur d'eau. Déterminé, il s'approchait à toute vitesse et vînt s'écraser contre la roche. Il se brisa. Nous fûmes arrosés. Mouillés. L'écume voltigeait au-dessus de nos têtes, je crû qu'il neigeait. Le ciel était gris. Le vent soufflait. Tantôt mes cheveux blonds partaient vers l'arrière, tantôt ils repartaient vers l'avant. Je chancelais à tel point que je crus que j'allais tomber. Je dus me tenir à son bras. Elle souriait. Ses yeux bleus brillaient. Non pas à cause du vent, mais parce qu'elle était émerveillée par le spectacle qui s'offrait à elle. Maman aimait ça. Oui.

C'était l'automne. Et en automne tout est beau. C'est à cette saison que l'océan nous révèle toutes ses facettes. Un jour elle se repose. Le lendemain elle s’énerve. Maman ça l'apaisait. Ça l'apaisait de voir les vagues se déchaîner sur les plages et les rochers. Je crois que ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était d'entendre le bruit du fracas des vagues. Elle aimait sentir le vent lui gifler le visage. Moi je la regardais. Je l'admirais. Je l'aimais.

Un petit banc était placé sur la passerelle et maman s'y était assise. Elle me prit par la main et me fit asseoir sur ses genoux tout en contemplant inlassablement le déchaînement des vagues. Au loin une étrange silhouette blanche semblait lutter contre la houle. « Maman, c'est quoi qu'il y a au fond de la mer ? ». Un bateau que maman m'a répondu. Bateau. D'une voix triste maman ajouta qu'il quittait l'enfer pour le paradis. J'ai alors demandé pourquoi il quittait l'enfer. Mais maman ne m'a jamais répondu. J'avais compris plus tard la signification du mot « enfer ».

Aujourd'hui je me retrouve face à mon amour de jeunesse. Il n'a pas changé. Pas une ride, Il n'a pas vieilli. Mais il semble plus calme, moins énervé. Il n'y a pas de vent. Il y a du soleil. Nous sommes le 18 juillet. C'est l'été. Le petit banc est toujours à sa place, regardant l'océan. L'océan regarde le petit banc, le rivage, les rochers, les passants. Elles jouent au loup avec les enfants qui se trouvent sur la plage. Lorsque la vague repart, les enfants viennent la titiller, la narguer en courant derrière elle, mais soudain la vague grandit, grossit à mesure qu'elle court vers les enfants qui, effrayés, ne voulant pas être touchés par celle-ci, repartent en courant en tentant d'éviter que la vague ne les rattrape. Cette petite fille n'avait pas couru assez vite, elle s'est faite prendre. Maintenant elle pleure. Susceptible.

Une goutte sur ma joue. Puis deux. Je pense à toi. Maman.

 

Samuel Psqt - Publié et écrit le 06/10/2018

 

 

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